auteur | Leo Kanner |
titre original | Affective Contact |
date de publication | 1943 |
référence | The Nervous Child, 1943, 2, 3 (april), p. 216 |
texte | traduction texte intégral |
source | The Nervous Child, bibliothèque du Vinatiers, Lyon |
Introduction du co-éditeur
Pendant longtemps les standards culturels de notre civilisation ont été largement centrés sur la mise en valeur des capacités et des accomplissements cognitifs. “L’esprit” a bien trop souvent été identifié avec “l’intelligence”. Les premiers efforts scientifiques pour étudier les personnes individuellement aboutirent au développement des tests “mentaux” ou “psychométriques” qui portaient presque exclusivement sur l’évaluation des potentialités cognitives. La psychologie, l’éducation et jusqu’à un certain point même la psychiatrie de l’enfant, étaient dominées par un hommage au Q.I. La schizophrénie était essentiellement vue comme une condition menant à la démence.
L’avènement de ce siècle a connu une rupture significative par rapport à cette attitude sous la direction de Freud, Jung, Adler, Kretschmer, Meyer, et d’autres. Les relations de l’individu à sa famille et aux personnes en général, ses réactions émotionnelles à sa situation de vie spécifique, ses efforts et ses satisfactions dans le cadre de ses relations, constituèrent les sujets d’une recherche sérieuse et des points d’ancrages pour la psychobiologie, la psychopathologie et la psychothérapie.
Ce symposium s’attache à considérer les capacités des enfants à former un contact affectif avec les personnes.
Nous considérons comme acquis que les enfants diffèrent du point de vue de leurs potentialités de croissance longitudinale ou d’acquisitions intellectuelles. Nous considérons comme acquis que certains naissent avec divers handicaps physiques et que certains troubles cérébraux ou endocrines puissent gravement interférer avec le fonctionnement cognitif. Pouvons nous alors soutenir que tous “naissent semblables” concernant leur capacité à former un contact affectif ?
Le Dr Frankl essaie de répondre à cette question pour ce qui concerne le rapport entre le développement du langage et le contact affectif, illustrant ce rapport avec les exemples de la surdi-mutité, de l’aphasie congénitale, du “langage” des enfants et des chiens, d’un cas de sclérose tubéreuse, et du parkinsonisme acquis.
Le Dr Greig aborde la même question sous l’angle du rapport entre le jeu et la capacité d’apprentissage d’une part et le contact affectif de l’autre, en soulignant surtout le besoin d’une compréhension parentale de ce rapport.
Le présent auteur a rencontré un certain nombre d’enfants dont le comportement depuis la plus tendre enfance pose la question de l’existence d’une incapacité innée à former un contact affectif avec les personnes de la façon ordinaire à laquelle l’espèce humaine est biologiquement disposée.
Plutôt que de donner une réponse toute faite, ce colloque cherche à attirer l’attention sur ce qui semble au présent auteur être une question de la plus haute importance. Qui plus est, même si une telle réponse existait, elle ne pourrait absolument pas tenir sur ses deux pieds sans inclure la considération des expériences les plus précoces des enfants avec les attitudes et les personnalités parentales.
Leo Kanner
Kanner L., « Affective Contact. Co-Editor’s Introduction », The Nervous Child, 1943, 2, 3, april, p. 216